Retour sur le séminaire RAMDAM 2021

RAMDAM est la fédération métropolitaine que nous avons créée en 2016 avec quelques autres associations de promotion du vélo (voir cet article de l’époque), afin de parler d’une seule voix et de rationaliser nos efforts auprès de la métropole Aix-Marseille-Provence qui venait d’être créée. Logiquement, c’est aussi via cette structure que nous parlons au Conseil Régional ou au Conseil Départemental, le mille-feuille administratif français (et local) ne s’arrangeant pas avec le temps, ou alors ça m’a échappé.

RAMDAM a organisé le 3 décembre dernier (2021) un séminaire en invitant

  • les élus locaux chargés du développement du vélo
  • des employés des administrations en charge du vélo
  • quelques entreprises de notre métropole innovantes dans le domaine du vélo
  • des associations liées aux mobilités actives

Le séminaire était organisé en 4 tables rondes thématiques avec plusieurs invités et au moins un membre de RAMDAM. Chaque table ronde commençait par des présentations des participants que suivait un temps d’échange entre la salle et les participants.

LVDE était invité à s’exprimer aux tables 1 et 2. Nous avons pu ainsi diffuser l’information de nos réalisations de la « rue aux enfants à Martigues » et l’impact sur la vision du vélo dans la ville. Nous avons répété une fois de plus notre désarroi et notre désespérance de voir enfin réaliser les liaisons entre nos villes de l’ouest de la métropole. Depuis 2013, nous sommes invités à discuter sur les itinéraires et pour l’instant cela reste à l’état de projet.

Table ronde n° 1 : Les enfants et la mobilité : « Savoir rouler à vélo » et « La rue aux enfants »

  • Arnaud SERRADEL, représentant du Ministère des sports  
  • Pierre GENIN, conseiller municipal de la Ville de Pertuis délégué à la Sécurité, prévention, circulation, plan et développement du vélo, cyclotourisme
  • Robin ALLORY : dispositif « Savoir rouler à vélo » – SAFE, associations ADAVA Pays d’Aix et APROVEL Salon-de-Provence / RAMDAM
  • Antoine BENHAMIAS : Rue de l’Avenir
  • Jean-Luc HANRARD : Les Vélos des Etangs / RAMDAM

Table ronde n° 2 : Plan vélo métropolitain et Plan vélo national : déclinaison dans les communes de la Métropole Aix Marseille Provence

  • Jean-Marc ZULESI, Député des Bouches-du-Rhône, commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire
  • Philippe GINOUX, Conseiller métropolitain, en charge du Schéma Voirie Provence (hors CT1 : Marseille Provence), Maire de Sénas
  • Audrey GATIAN, Adjointe au maire de Marseille, en charge de la politique de la ville et des mobilités
  • Emilien GOGUEL-MAZET, Adjoint au maire de Septèmes-les-Vallons, délégué à la voirie et à la mobilité 
  • Laurent GUEDJ, Conseiller municipal d’Aubagne délégué à la Mobilité
  • Pascal BAZILE, « Les vélos des Étangs » / RAMDAM
  • Anne-Laurence BEAUDOIN, Les Coursiers solidaires à vélo de Marseille / RAMDAM
  • Le Collectif de vélotaffeurs « Bike Together », Marignane / RAMDAM

Table ronde n° 3 : La politique cyclable de la Région SUD, l’intermodalité Vélo / trains et cars

Table ronde n° 4 : le nouveau PDU (plan de déplacements urbains) de la Métropole Aix Marseille Provence et la future ZFE (zone à faible émissions) de Marseille

  • Audrey GATIAN, Adjointe au maire de Marseille en charge de la politique de la ville et des mobilités
  • Jean-Michel BERT, Conseiller municipal de la Mairie des 11ème et 12ème arrts de Marseille, en charge des Transports et de la Mobilité,
  • Martine BIGOT : Piéton à Marseille (Antenne locale de « 60 millions de piétons ») / RAMDAM
  • Stéphane COPPEY, « Commission Aménagements cyclables inter associatives du Collectif Vélos en ville » / RAMDAM
  • Utop Vélo, La Ciotat / RAMDAM
  • Cyclo logistique : Agile en Ville et  Tout en Vélo-Marseille / RAMDAM

Le séminaire était très bien organisé et a eu une belle affluence (90 personnes env). Merci à Anne-Laurence Beaudoin, la nouvelle présidente de RAMDAM et Jean-Yves Petit, son prédécesseur à ce poste pour leur travail.

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Personnellement ce genre d’événement me plaît et m’attriste à la fois. Il me plaît car j’y apprends toujours beaucoup d’informations importantes et que j’y rencontre des gens motivés et/ou en responsabilité. Il m’attriste aussi car entendre des élus ou des fonctionnaires s’auto-congratuler m’est de plus en plus pénible. Les interventions des associations et les questions du public sont heureusement là pour relativiser le discours officiel.

Un des buts de l’événement est bien sûr que les élus en charge en repartent avec une idée plus haute, plus juste ou plus précise de leur charge, et surtout plus convaincus de la médiocrité de la situation et de notre attente d’une sérieuse accélération. Puisse ce but être atteint…

Jean-Luc intervenant pour les 4 « rues aux enfants » qui ont eu lieu à Martigues en 2021

Le second bouchon du canal du Rove et le rêve de la V65 dans le tunnel

Nota : Le présent article a sa copie dans mon blog personnel sur l’étang de Berre : celui-ci.

Le canal du Rove n’en finit pas de se dégrader, il a désormais un second bouchon. Il semble clair qu’il ne resservira plus jamais comme canal, et que personne ne croit vraiment aux projets de pompage d’eau de mer vers l’étang de Berre, pompage qui me semble d’ailleurs peu utile. Une nouvelle utilité serait bienvenue. Pourquoi pas la véloroute V65 ?

Le canal et le tunnel du Rove, et son inutilité actuelle

Le canal du Rove est un serpent de mer (c’est le cas de le dire…) de la réhabilitation de l’étang de Berre. Ce canal a été une liaison « aquatique » (avec mouvement d’eau) entre l’étang et la mer depuis son inauguration en 1927 jusqu’en 1963, mais il est bouché depuis. En effet en 1963 un effondrement a eu lieu dans la longue partie en tunnel (qui rend ce canal très étonnant) et comme il ne paraissait plus utile (la délocalisation du port de Marseille dans le golfe de Fos était programmée et le rendait obsolète) il n’a pas été réparé et se dégrade lentement depuis.

Pourtant ce canal est régulièrement cité comme une solution pour résoudre au moins une partie des « problèmes » écologiques de l’étang de Berre, notamment sa tendance à l’anoxie dans ses couches « profondes » qui s’installe plus ou moins gravement en été, surtout les étés chauds et sans mistral (ce qui n’a pas été le cas de cette année 2021).

Je n’ai jamais été convaincu de cette « solution », n’étant déjà pas complètement convaincu du problème. L’étang de Berre me semble être clairement en amélioration sur le long terme, même si la crise dystrophique de l’été 2018 a un temps tempéré mon optimisme.

Il n’en reste pas moins que régulièrement des politiques ressortent des plans pour pomper de l’eau de mer depuis le côté marseillais, à travers le bouchon, vers le côté étang. C’est notamment la proposition n°5 du rapport d’une récente commission parlementaire. Le débit varie selon les plans entre 4 m³/s et 20 m³/s et le budget du chantier entre 10 et 30 millions d’euros. Les frais de fonctionnement (il s’agit de pomper…) sont plus rarement évoqués et surtout personne ne semble vouloir les payer, ni l’État, ni la région, ni la Métropole MPM, ni le GPMM (le gestionnaire du canal) sur tout le temps (supposé long) où il faudrait pomper…

Bref cette « solution » ne m’a jamais semblé en être une. C’est un projet vaguement présentable au public, auquel aucun organisme ou politique ne croit vraiment, mais auquel ils font tous semblant de croire.

Un second bouchon depuis novembre 2019

Quelle n’a pas été ma surprise de voir il y a quelques jours qu’un second bouchon obstrue le canal du Rove ! En 2019 un mouvement de terrain sur les berges a entraîné de gros travaux qui ont conduit à boucher le canal à un second endroit. Ce second bouchon se trouve dans sa partie aérienne, à environ 200 m de l’entrée du tunnel sur la commune de Marignane.

Photo prise depuis le second bouchon en regardant l’entrée du tunnel, très proche.
Ce nouveau bouchon fait environ 100m de long. Il est accessible par des engins en rive sud.
Vue depuis le bouchon en regardant vers l’étang

L’effondrement à l’origine des travaux qui ont abouti au bouchon actuel date de novembre 2019. Je n’en avais pas entendu parler, même si j’ai pu retrouver quelques articles de presse (voir cet article de La Provence datant de l’effondrement, ou cet article de mars 2021 de Maritima Info pour la fin des travaux.

Il va sans dire que ce second bouchon augmente encore les coûts des projets de pompage d’eau de mer vers l’étang de Berre. Ces projets ont vraiment peu de chances de sortir un jour des cartons ou des discours.

Un ouvrage qui mériterait une seconde vie. Pourquoi ne pas y faire passer la V65 ?

Du coup c’est peut-être le moment de suggérer une autre fonction pour le canal et le tunnel, qui justifierait de les entretenir. En effet ce canal, surtout dans sa partie tunnel, est un ouvrage d’art colossal et remarquable. Le tunnel a une longueur de 7km, en ligne parfaitement droite. Sa voûte mesure 22 m de large et 11m de haut et est merveilleusement cylindrique.

De plus, des deux côtés, des berges ont été construites, sans doute à l’origine pour le halage des péniches par des chevaux. Elles ont une largeur d’environ 2 m. Il y en a tout le long, à l’intérieur comme à l’extérieur du tunnel. Ces berges ont largement subsisté (80%) mais se sont effondrées parfois sur plusieurs dizaines de mètres, à l’intérieur du tunnel comme à l’extérieur. Ce sont ces berges qui pourraient être converties en véloroutes.

En effet, militant du vélo et aimant de plus en plus les vacances itinérantes par ce moyen, j’avoue rêver de voir passer la V65, un projet de véloroute qui fait partie du plan vélo national et qui doit relier Les Saintes-Maries-de-la-Mer et Nice (On l’appelle parfois aussi Azur-Camargue, j’en ai parlé en 2015 dans cet autre blog), par ce tunnel.

Schéma régional VVV de 2015, la V65 est la courbe violette qui longe la côte… mais encore seulement sur le papier

La V65 a bien avancé dans le Var, notamment sur les tronçons où d’anciennes voies de chemin de fer ont pu être réutilisées. Par contre dans les Bouches-du-Rhône, ça ne semble guère avancer (voir cet article de France 3 de 2019).

Pour la partie qu’on peut appeler Côte Bleue/étang de Berre, il faut chercher un itinéraire, ce que les services départementaux ou métropolitains font sans doute, mais je ne suis pas au courant. On peut sans doute leur faire des propositions.

Mon idée est d’utiliser les berges du canal, actuellement inutiles et délaissées au point qu’elles s’effondrent par endroit, pour y faire passer la véloroute V65.

Le bouchon du tunnel (celui de l’effondrement 1963) fait environ 150m de long. Une petite galerie (1,5m de large) a été creusée qui permet à un piéton (ou à un cycliste !) de le traverser. Le plus logique serait d’en faire une seconde afin que les cyclistes ne s’y croisent pas.

Photo prise dans la partie coté étang du bouchon, plus courte et donc plus claire.
La voûte en demi-cercle et son reflet forment un cercle parfait…
A l’endroit de la photo on voit en rive droite la berge en état correct, on pourrait y imaginer une piste cyclable, en rive gauche par contre on voit nettement qu’elle a disparu (effondrée) sur une cinquantaine de mètres.
Un autre exemple de l’état du chemin de halage dans le tunnel. On voit souvent de grandes stalactites, très fines qui descendent de la voûte, et des stalagmites en formation, parfois d’une quinzaine de cm, sur le chemin. On en devine sur la photo.
Parfois le chemin de halage est recouvert de calcite.

J’accueille chez moi à Istres depuis 6 ans des cyclorandonneurs via le site Warmshowers.org. A moi seul j’ai dû en recevoir une centaine. Beaucoup d’entre eux souhaitent aller à Marseille, qu’ils viennent du Languedoc (EV8) ou qu’ils aient descendu la ViaRhôna (EV17). Il y a déjà une demande assez forte pour un itinéraire vélo sécurisé et original entre Martigues et Marseille.

D’autres itinéraires sont possibles, sans doute moins chers, mais emprunter le canal du Rove aurait de la gueule… et justifierait d’entretenir cet ouvrage patrimonial. Il aurait aussi l’avantage d’être plat, ce que beaucoup de cyclistes apprécient, surtout pour des balades en famille. Les familles ne traverseraient sans doute pas les 7 km de tunnel (qu’il faudrait éclairer un minimum côté mer du bouchon), mais pourraient aller jusqu’au bouchon.

Les véloroutes qui utilisent d’anciens chemins de halage sont innombrables. Pourquoi pas celui-là. Il serait vraiment très original…

L’itinéraire ci-dessous serait à mon avis possible :

De Martigues (à gauche de la photo) à l’Estaque (en bas à droite)
la photo aérienne sans le tracé pour comparer…

Conclusion

Convaincre les élus d’abandonner le pompage à travers le bouchon (et désormais LES bouchons) du Rove n’est à mon avis qu’une question de temps. Sans rien faire, et sans qu’ils ne le disent jamais, ce projet disparaîtra peu à peu, faute de partisans, comme jadis la « dérivation » (le prolongement des canaux EDF de l’eau de la Durance vers la mer).

C’est un peu un problème, car l’abandon clair du projet de pompage serait sans doute indispensable à un éventuel projet de passage de la V65 par le tunnel du Rove.

Le tunnel du Rove mérite un projet qui justifierait de l’entretenir. Y faire passer la V65 n’est pas le moins pertinent que j’aie vu passer. Et sur 100 projets, au départ peu réalistes comme celui du présent article, je suis sûr qu’on finit par en réaliser quelques uns, alors pourquoi pas celui-ci ?

La révision du schéma régional VVV et la V65 sur notre territoire

Une réunion du comité de pilotage de la révision du schéma des véloroutes et voies vertes (« 3V ») de Provence-Alpes-Côte d’Azur a eu lieu le 30 juin 2015. Les documents issus de cette réunion de travail sont accessibles sur ce lien.

Ce comité de pilotage (COPIL, en langage administratif) doit faire le travail de concertation pour la mise à jour du schéma régional original qui date de 2007, mais qui n’a guère eu de réalisation concrète. Ce schéma de 2007 n’avait même pas à notre connaissance de carte officielle et la comparaison avec l’Alsace, la Bretagne,ou l’Aquitaine, qui ont non seulement finalisé leur plan, mais déjà réalisé une bonne partie des véloroutes prévues, est frappante à qui se penche sur le sujet. De notre point de vue, c’est dur, mais on ne peut vraiment reprocher aux élus d’aller plus vite que leur population, qui chez nous n’était guère demandeuse encore…

Pour PACA, la carte en discussion est ainsi actuellement la suivante:

trace V65 reunion COPIL VVV region 30 juin 2015

On y retrouve la transcription régionale de grands engagements internationaux type EV8 et EV17 (Via Rhôna) ou nationaux type V65, mais on sent quand même aussi des demandes locales liées au tourisme ou aux loisirs sportifs dans le Lubéron ou les Alpes…

Pas (encore?) de véloroute des « taureaux et des vignes »:

On remarquera que sur cette carte, on ne retrouve pas notre suggestion de véloroute entre Camargue et Lubéron par la Crau et Istres, ce que nous appelions la « véloroute des taureaux et des vignes » (voir: partie 1 et partie 2). Nous avons transmis cette suggestion aux services régionaux, il est vrai hors réunion et assez tard (et nous n’étions pas à la réunion du 30 juin, mais nous étions à la précédente). L’idée nous semble pourtant bonne et nous continuerons à la suggérer…

Mais une véloroute V65 toujours là et dont nous devrions profiter!

En attendant, nous pouvons nous réjouir d’y (re)lire que la V65, désormais appelée « Azur-Camargue » est toujours souhaitée aux niveaux national et régional (et donc finançable!). Sur la carte on la voit (en rouge carmin) qui suit la côte au plus près… sauf pour Fos qu’elle contourne en passant par Istres.

Il paraîtrait pertinent de pousser pour que nos élus locaux

  • acceptent de penser que des liaisons type 3V entre les villes de notre territoire sont aussi prioritaires que des aménagements intra-muros
  • que les liaisons Istres-Fos (voir ici notre suggestion, une branche vers le Ventillon est facile à rajouter) et Istres-Martigues (voir ici notre principale suggestion passant par Cadéraou, mais passer par la forêt de Castillon ou la ZAC des étangs est aussi imaginable) figurent parmi les plus faciles à concevoir, voire même à réaliser, de notre territoire
  • et que à condition de relier ces liaisons, ces élus seraient à même de proposer un tronçon raisonnable de la V65 aux autorités régionales et départementales (et obtenir la part de  financement correspondant)

Il est possible que nous ayons déjà laissé passer des niveaux de financements que nous ne retrouverons pas (la crise de 2008 des banques, sauvées par les états qui se retrouvent endettés, est passée par là…) et nous pouvons regretter les années où les budgets votés au CG13 n’ont pas utilisés complètement. Néanmoins les financements vélo sont en général très raisonnables et sont moins touchés que d’autres, voire parfois en hausse.

Les budgets ne sont pas du ressort des COPIL, ce sont les élus qui les votent. Et pour motiver un élu lors de la préparation ou du vote des budgets 3V, rien ne vaut lui avoir parlé avant, et encore mieux qu’il ait vu beaucoup de ses administrés faire du vélo…